Michel L'allemand
Lors d’une visite chez RADIONETTE, rue d’Avron, M. DE PAZ, le nouveau propriétaire de l’établissement, me présente un nouvel arrivant, Michel Bernd WINTER, en provenance d’Allemagne, qu’il a engagé comme technicien vidéo-télévision.
Je le trouve bien sympathique, avec son accent grave et ses erreurs de langage. Un buveur de bière et mangeur de saucisses plus grand que moi d’une bonne tête entière.
Les premières semaines se passent sans problème. Son quotidien se résume aux dépannages chez RADIONETTE et aux fréquentes visites dans ma boutique. En fin de journée, il débarque à mon atelier pour aller boire une ou plusieurs bières au café du coin.
Il avait projeté une autre carrière, je le sens un peu déçu par le peu de rendu depuis son arrivée, il y a plus d’un an déjà.
Notre lien devient plus amical, je crois qu’il sent que je ne suis pas un pur produit hétérosexuel averti.
Ne souhaitant pas l’affoler, je ne lui dévoilerai pas ma vie, comme pour tous mes proches et amis.
Car j’ai appris à tout cloisonner afin d’éviter les interactions non sollicitées.
Un jour, je décide qu’il est temps pour lui d’évoluer.
Je le présente à une partie de ma clientèle professionnelle, lui offrant ainsi la possibilité, suivant son talent, d’agrandir son propre périmètre.
Afin de faire plus large connaissance, il me propose de dîner chez lui avec sa femme et ses enfants. J’accepte avec joie.
Dans toute rencontre avec une inconnue, il me faut venir les bras chargés de présents. Ne sachant que lui apporter, j’écris un poème suivant l’inspiration du moment, en pensant à une autre, qui évolue dans ma vie dans le même temps. Un bouquet de fleurs, roses rouges et lys noirs, apportera un peu d'épices ce soir.
Les bouchons parisiens sont compacts en début de soirée.
De Paris-la-Roquette au Val-de-Fontenay, le trajet s’allonge dans la durée. Michel est content, une bonne soirée en perspective. Nous espérons que le poulet prévu ne sera pas calciné.
Hélas, après notre entrée par la porte-fenêtre, ça sent la défaite.
Madame s’est mise sur son trente et un, la nounou des enfants aussi.
Elles nous toisent violemment. En cause : notre grand retard.
Nos explications ne font rien, Madame n’accepte pas les excuses de son mari, crie qu’elle va sortir immédiatement avec la nurse de ses bambins, pour aller à Paris faire la java.